J’écoute pour la quatrième fois consécutive Biala Flaga, de Hania Rani et Dobrawa Czocher. L’album est paru, d’après Qobuz, le 30 avril dernier chez Deutsche Grammophon. Cela m’intrigue. Pour je ne sais quelle raison, je sens que l’album est plus ancien. Peut-être rompt-il d’une manière trop franche avec les dernières productions de cette très talentueuse pianiste polonaise ? Mes oreilles auraient-elles décelé un je-ne-sais-quoi pour dater son toucher au clavier ?
J’essaie de comprendre d’où ce sentiment tenace vient, mais, comme souvent dans les choses de l’art, cela échappe à ma raison. C’est une émotion indéfinissable pour laquelle je manque de mots.
Je pars explorer la Toile et je les vois, ensemble, jouant un des titres de l’album, en 2015. Hania au piano. Dobrowa au violoncelle :
Je continue mes pérégrinations et je déniche un autre titre de l’album, odchodząc, un de mes préférés. Du genre qui pénètre l’âme et l’habite pour longtemps pour nous permettre de lâcher prise, de transcender notre simple condition humaine et, apaisés, soulagés du poids de nos mornes journées, tendre vers de nouvelles cimes d’un pas leste et vivace :
Odchodząc. Je recherche la signification de ce mot polonais. Cela voudrait dire sortie.
Sortie de route.
Sortie du cadre.
Sortie du gris et du noir.
Sortie pour vivre.
Sortie pour regarder le soleil et de sa chaleur, tirer une nouvelle énergie pour éclaircir les nuages internes et effacer les idées noires.
Sortie pour nous rencontrer et nous retrouver.
À quoi bon se morfondre, à quoi bon s’apitoyer quand on n’a qu’à allonger le pas et tendre le bras pour saisir la beauté ?
Alors, sors.
Prends ma main ou celle de ton prochain.
Et sans jamais te retourner,
Marche vers ton présent.